Laurent Cugny, un programmateur de renom

 

Si la notoriété de Laurent Cugny est principalement attachée à ses activités d’arrangeur et chef d’orchestre, notamment à la tête de son big band Lumière ou de l’Orchestre National de Jazz (1994-1997), elle n’éclipse ni l’auteur d’ouvrages et d’articles de référence, ni son rôle croissant aux avants postes de l’enseignement et de la recherche sur le jazz en France.

Après des études de piano débutées en 1965, il forme plusieurs groupes amateurs parallèlement à des études menées hors du champ musical (sciences économiques puis études cinématographiques). 1979 voit la création, sous sa direction, du big band Lumière, en même temps que l’obtention d’un prix de piano solo au Concours national de jazz de La Défense. Le travail de cet orchestre, ponctué par six albums jusqu’en 1994, sera profondément marqué par la rencontre de son leader avec Gil Evans à l’occasion de l’écriture d’un livre. Devenue musicale, leur collaboration sera à l’origine de plusieurs concerts et enregistrements, et notamment d’une tournée européenne (1987).

Peu après l’écriture d’un second ouvrage consacré cette fois à la période électrique de Miles Davis, Laurent Cugny succède à Denis Badault pour diriger l’Orchestre National de Jazz. La formation s’appuie essentiellement, par son effectif, sur les plus fidèles de ses partenaires au sein de l’orchestre Lumière (Pierre-Olivier Govin à l’alto, Lionel Benhamou à la guitare ou encore Stéphane Huchard à la batterie). Quatre albums naissent de cette aventure brève et intense, parus sur le label Verve. Laurent Cugny se consacre ensuite, outre la remise sur pied intermittente du big band Lumière (un album paru en 2001), à une activité en petite formation puis à l’écriture d’un opéra-jazz, La Tectonique des nuages (à partir d’une pièce de José Rivera, mise en scène de François Rancillac).

L’œuvre sera créée en version concert en 2006 et reprise au théâtre de la Ville (Paris) en 2007. Entre-temps, Laurent Cugny signe de nombreux arrangements pour Lucky Peterson, Abbey Lincoln, David Linx, Juliette Gréco, Ricardo Teté, Viktor Lazlo, parmi d’autres.

Particulièrement actif pour promouvoir la diffusion du jazz sous toutes ses formes (fondateur et directeur de la Maison du Jazz entre 2000 et 2004), Laurent Cugny reprend le chemin de l’université à la fin des années 1990 et soutient en 2001 une thèse de doctorat consacrée à l’analyse de l’œuvre de jazz (publiée aux éditions Outre Mesure). Après y avoir exercé diverses activités d’enseignement, de pratique collective et de recherche et publié de nombreux articles, il est nommé professeur de musicologie en 2006 à l’université Paris-Sorbonne (Paris IV).